Le XVIIIème Siècle
Cirey refuge amoureux et studieux
de Voltaire et de la Marquise du Châtelet
Née en 1706 à Paris Emilie est la fille de Louis Nicolas le Tonnelier, Baron de Breteuil, officier de la maison du Roi sous Louis XIV, introducteur des ambassadeurs, et de Gabrielle Anne de Froulay.
Fait très rare pour une jeune femme à l’époque, Emilie reçoit un enseignement de grande qualité.
Férue d’arts et de science, elle développe une véritable expertise en physique, astronomie, astrophysique et s’initie aux mathématiques. Elle se passionne aussi pour la danse, le théâtre et le chant. Emilie de Breteuil est dotée d’une intelligence remarquable et parvient à être reconnue et acceptée dans le cercle exclusivement masculin des scientifiques de son temps.
En 1725, Emilie épouse le Marquis Florent Claude du Châtelet et part vivre à Semur-en-Auxois dont son époux est Gouverneur. Plus tard, elle retourne vivre à Paris où elle fait la connaissance de Voltaire. Ensemble, ils s’installent au château de Cirey, propriété familiale des du Châtelet.
Si la passion amoureuse cède peu à peu la place à l’amitié, Voltaire et Emilie ne se quittent pourtant jamais. A 42 ans, elle tombe enceinte de son dernier amant, le poète Saint Lambert, et décède des suites de l'accouchement.
In extremis, elle réussit à terminer la traduction du traité de Newton et à l’envoyer à la bibliothèque du Roi. Voltaire se chargera de finaliser sa publication. Voltaire, très affecté par cette disparition quitte alors le château de Cirey, « son paradis terrestre ».
La petite Adélaïde, qui naît des amours d'Emilie et de Saint Lambert bien que reconnue par Monsieur du Châtelet et finalement délaissée, meurt dans les bras de sa nourrice en 1751.
Après le décès d’Emilie du Châtelet en 1749, son époux le Marquis assure avec soin l’entretien du château. Lorsqu’il décède à son tour en 1765, c’est leur fils, Louis-Marie-Florent, Duc du Châtelet, qui devient maître de Cirey.
Le Duc du Châtelet épouse en 1752 Diane Adélaïde de Rochechouart. Ils n’ont pas d’enfant, mais son épouse et lui-même entretiennent une relation quasi-filiale avec leur nièce Diane Adélaïde de Damas, fille de la sœur de la Duchesse, qu’ils désignent comme héritière de Cirey.
La révolution précipite les événements. Le Duc et la Duchesse du Châtelet sont guillotinés en 1794.
Diane Adélaïde de Damas qui est devenue par son mariage Comtesse de Simiane hérite plutôt que prévue de Cirey. Mais la propriété est déclarée comme bien national et est vendue en lots.
Commence alors le combat d'Adélaïde de Simiane pour reprendre Cirey.
Si vous voulez que j’aime encore,
Rendez-moi l’âge des amours ;
Au crépuscule de mes jours
Rejoignez, s’il se peut, l’aurore.
Des beaux lieux où le dieu du vin
Avec l’Amour tient son empire,
Le Temps, qui me prend par la main,
M’avertit que je me retire.
De son inflexible rigueur
Tirons au moins quelque avantage.
Qui n’a pas l’esprit de son âge,
De son âge a tout le malheur.
Laissons à la belle jeunesse
Ses folâtres emportements.
Nous ne vivons que deux moments :
Qu’il en soit un pour la sagesse.
Quoi ! pour toujours vous me fuyez,
Tendresse, illusion, folie,
Dons du ciel, qui me consoliez
Des amertumes de la vie !
On meurt deux fois, je le vois bien :
Cesser d’aimer et d’être aimable,
C’est une mort insupportable ;
Cesser de vivre, ce n’est rien.
Ainsi je déplorais la perte
Des erreurs de mes premiers ans ;
Et mon âme, aux désirs ouverte,
Regrettait ses égarements.
Du ciel alors daignant descendre,
L’Amitié vint à mon secours ;
Elle était peut-être aussi tendre,
Mais moins vive que les Amours.
Touché de sa beauté nouvelle,
Et de sa lumière éclairé,
Je la suivis ; mais je pleurai
De ne pouvoir plus suivre qu’elle
François-Marie Arouet